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dimanche 2 septembre 2012

En pure perte

Placés devant la question de notre existence se pose à nous d'embrasser l'éternité. A qui reviendra le courage d'abandonner ce qu'il est jour après jour ?  Car voici l'instant décisif, la transformation. Toutes les images de notre vie se relient maintenant en une seule interrogation: Comment? L'espèce en nous se manifeste. Mais la question a-t-elle seulement vécu un seul de nos instants? L'amour pour nos proches agit comme la lumière de nos commencements, ce que nous voulons est possible. N'est-ce pas une joie que de ne plus attendre? La connaissance et l'ennui sont perdus, maintenant ne vit que notre unique conséquence.

jeudi 30 août 2012

Notre force, notre destin

Chacun s'il le souhaite peut faire l'expérience en lui-même d'une force continue dont la durée dans le temps échappe à son entendement. Qu'il le veuille ou non, cette force travaille en lui comme un flux permanent. Cette valeur de temps s'oppose mécaniquement avec celui que nous avons en usage. La vie contemporaine présente pour beaucoup d'entre nous une quantité de gestes particuliers indénombrable du fait de la ville et ses objets, de nos réflexes et de nos sentiments, de notre comportement ou de notre culture. Nous nommons cette activité la vie vécue. Elle n'est la plupart du temps que la gestion de notre temps, au pire une occupation.
A certains moments de notre existence, aux croisements de cette agitation, apparaissent parfois comme des trouées desquelles nous survient la plénitude de ce souffle intérieur. Ne parvenant pas à le combler et faute d'en reconnaître le processus, nous tombons malades.
Il suffit pourtant d'y porter notre attention avec suffisamment de précision pour parvenir à mettre en oeuvre, ce qui a depuis toujours été à notre portée, la nécessité de notre existence, notre destin.


jeudi 17 mai 2012

Du spirituel dans les formes de la vie


Pourquoi limitons-nous l'expérience des formes à leurs représentations?
Elles sont la cause déterminante de chaque instant de nos vies, l'art n'en est que la première esquisse. 

Merci à tous ceux qui nous ont précédé, nous avons appris à nous débarrasser des images au point de considérer jusqu'à chacun de nos gestes quotidiens.

Comment se fait-il alors que nous conservions la convention de montrer ce que nous faisons?
Nous avons peur de devenir quelconque.
Ainsi nous pouvons résumer notre culture.
Rien n'est acceptable qui ne se soit rendu présentable.

Si nous voulons ouvrir le potentiel de chaque instant vécu, nous devons intérioriser nos pratiques.





mardi 15 mai 2012

Culture

Lorsqu'on s'avise de parler d'une oeuvre, il reste toujours une part d'incertain. Chacun sait que la connaissance qu'il est possible d'en avoir est sujette à la limite de l'expérience. On peut s'appuyer sur les quelques éléments qui nous parviennent et en proclamer l'usage ou l'évidence. Un autre viendra et déplacera l'objet de la perception à partir du monde qu'il emporte avec lui. L'oeuvre reste ouverte.

Les actes de culture ont justement cette faculté d'entrer dans les vies qui s'y prêtent. Ils ne peuvent ni ne doivent se circonscrire mais rester au niveau de l'usage. C'est à la fois pénible et réjouissant. La culture nous met en confrontation tout en même temps de ce que nous sommes et de ce que nous ne sommes pas.

Pour autant, il est possible de passer au-delà de cette zone d'influence. Non en ignorant son effet, mais en agissant par ''résonance''.

Il y a dans toutes manifestations de la connaissance humaine un ''propre'' à soi qui ne se détermine pas seulement en tant que 'je suis le sujet de mon existence' mais comme l'affirmation de la présence d'une vie intelligible qui prétend à sa reconnaissance.

Ce n'est plus de nous qu'il s'agit mais de l'élément d'ensemble.

En d'autres termes: il n'y a pas un ensemble qui précède l'usage élémentaire de l'existence mais un devenir commun contenu en chaque élément qu'il nous est donné de concevoir.

jeudi 10 mai 2012

L'éternel retour

Très souvent j'entends parler de ce qui a été perdu, de ce vers quoi il faudrait revenir, sur quoi il faudrait faire retour.
C'est la trace d'une intuition intime.
La question n'est pas de revenir à un état que nous avons quitté, mais de parvenir à un état que nous n'avons jamais possédé.
Nous avons pour ce faire l'avantage d'un sentiment précieux, celui d'une juste cause.
En laissant s'imprégner ce sentiment à notre vie quotidienne, il deviendra le tuteur référent.

Mais pourquoi parlons-nous si souvent de ce qu'il y avait avant?
Parce qu'il existe un sentiment, une étape discrète dans notre processus de pensée, auquel nous nous abandonnons la plupart du temps comme à une vérité.
Il suffit pourtant de nous y arrêter et d'apprendre à le reconnaître.
Il nous accompagnera dans le cours de notre existence pour ce qu'il est, ce que nous sommes.

Avec l'enfance

Nous avons perdu l'usage de produire en prenant acte de la présence des enfants.
Ce faisant nous nous sommes enferrés doublement. Tout d'abord en faisant mine de nous prendre pour des adultes, et dans un même temps en nous éloignant de l'enfance.
Se prendre pour un adulte a l'inconvénient de considérer chacune de nos entreprises sans nuance ni respiration.
Nous éloigner de l'enfance c'est abandonner ce qui dans notre activité contient le germe de l'espèce humaine.
Il y a dans l'enfance une clarté pour laquelle nous devons nous sentir investis.
Aujourd'hui ce sont eux qui tiennent nos lumières.
Nous avons grandi certes! Mais que cette grandeur soit alors plus vaste que l'enfance!
Ou alors nous devrons nous résigner à éteindre chez eux les feux qui brûlent de voir en l'adulte une lumière qui n'y est pas.


Le retard de la pensée

Alors que tu travailles avec constance et détermination sur une circonstance particulière, il t'arrive parfois d'émettre un doute sur toi-même quand à la nécessité réelle de ta tâche.
Ne t'attarde pas. 
Toute énergie dépensée a sa conséquence. 
Elle revient toujours, et autrement qu'à l'endroit où tu l'attends.
C'est la raison pour laquelle tu ne peux t'assigner de tâche particulière. 
Contentes toi de ton effort de chaque jour pour faire du monde dans lequel tu vis ce lieu pour lequel tu existes.

lundi 12 mars 2012

Laisser-passer

C’est profondément en nous-mêmes que nous avons à sonder pour atteindre l'endroit où les idées nous viennent.
Pour cela nous avons à reconnaître notre teneur sentimentale. Distincte du temps passé.
De là nous pouvons prétendre à une nouvelle naissance, celle où être vivant prend définitivement son sens.
Mais cela reste lointain.

Chaque jour elle s’approche de notre corps, la saveur subtile et délicate, au point de se répandre dans les mots et les usages, d’être au monde. 
Chaque chose détient son nom, de même que chaque objet porte son nombre.
En laissant cette substance investir la vie quotidienne est posé l’acte de l’existence. Nous parvenons ainsi à l’endroit où toutes les formes de vie entrent en résonnance.

« A aucun prix nous ne devons déléguer notre puissance d’investigation. »

Chaque fois qu'une force s'éternise, la vie finit par s'éteindre.

mercredi 29 février 2012

Nettoyage

Je rentre chez moi. Je vais voir mon fils qui dort. Je le regarde. Je reconnais son visage, sa présence. Encore un peu de temps, et je commence à voir son visage. Il est détendu comme le sont tous les visages pendant le sommeil. Un peu de couleur sur les joues, livrés au monde dans une respiration lente et régulière. Il y a en lui la même force que celle qu'il aura à l'âge adulte. Et en le regardant à l'instant je me souviens de ceux que j'ai vu ainsi, hommes et femmes confondus.
Cet instant du sommeil est touchant parce qu'on observe sur le corps les impressions du monde extérieur. Le corps est à la fois tendu vers cette existence, à la fois retiré en lui-même comme pour y puiser les ressources nécessaires à la vie.
Aujourd'hui, pensant à voix haute je disais : « Si chacun de nous a plaisir à la moindre marque de tendresse, c'est bien qu'il y a dans le fait de vivre une souffrance ». Je continuais en moi-même : « Ainsi en est-il pour toutes choses présentes, et ceci est la marque de notre pouvoir sur elles». Et moi que vais-je laisser ce jour encore comme empreinte  et comme souvenir sur le monde ?
Au travail, je nettoie la cave, ordonne les affaires et les agence. J'ai un espace à ma disposition que je dois structurer en vue du meilleur usage. Je lie l'histoire des objets à mon expérience. D'un corps étranger, j'ai lentement appris à en faire le tour pour le considérer comme mien. Et maintenant je vais commencer à déplacer le tout, à partir de la clarté que j'aurais su faire en moi-même.
Pour toutes circonstances de ma vie je procède de la sorte, tant dans les blessures que dans les réussites. Les marques s'impriment. Voici ma culture. Voici comment j'observe les lieux de vie et leur usage.
Ce qu'il m'est donné de faire est de traverser l'existence en tenant avec attention et constance le regard sur la zone ténue dans laquelle je m'avance. Qu'elle soie grave, ou légère, rien n'entame ce qu'elle m'invite à accomplir. "Amour, puissance, clarté", dit-elle.

vendredi 10 février 2012

La relation élémentaire

Nous portons en chacun de nous un état à partir duquel il nous est possible de faire la lumière sur les énigmes du monde extérieur.
Pour autant cette lumière n'est rien si elle n'est concentrée qu'en elle-même car ce qui touche au domaine de la connaissance n'a pas valeur pour soi.
De cette contradiction nous sommes amenés à entrer dans un développement toujours plus subtile et précautionneux relativement à notre expérience de vie.
Puisqu'à la fois nous devons sans discussion donner autant qu'il se peut la mesure des intuitions qui jalonnent notre expérience quotidienne, tout en emménageant dans un même temps des zones intermédiaires rendant praticables à chacun l'ensemble des intelligences qui ont vu le jour.
Car si chacun apporte sa part singulière, à la façon dont il tient l'objet de sa connaissance, la prise qu'il offre en conséquence n'est jamais celle de l'autre.
A contrario nous avons en nous cet instinct de l'espèce qui nous retient de nous fondre en l'autre parce que chaque expérience de connaissance doit pouvoir être vécue en elle-même et non par diffraction. Cela fait partie de la grande loi morale de laquelle provient notre humanité, une morale par hérédité en quelque sorte.

Il est possible de rompre cette alternative infernale en affirmant ceci:
La connaissance ne nous appartient pas, elle est l'accompagnement légitime de toute vie.
Et puisque chacun est investi de ce pouvoir du fait même de son existence, il est criminel de ne pas lui donner le jour.
Ici prend corps la deuxième clause morale engageant chacun avec lui-même:
Il n'y a de connaissance en exercice qu'à l'instant de la relation.
Chacun est responsable devant l'autre de l'aménagement d'un espace commun dans lequel les connaissances mises en oeuvre pourront composer enfin le coeur d'une humanité parvenue à maturité.

Ainsi, si l'être humain a été confronté à l'anéantissement de sa propre puissance dans le processus qu'on a appelé la "fin de l'histoire", cette conception symbolique et homogène d'une humanité en marche, nous pouvons dorénavant nous redresser en disant que notre puissance est reliée à la vie. C'est pourquoi, forts en nous-mêmes, nous pouvons nous lever et chercher, et si une seule intelligence humaine nous fait écho cela suffit.

Le temps a passé comme le train quotidien à côté de nos vies, le grondement des objets nous l'avons lentement assimilé à la consistance des choses. Aujourd'hui il n'y a pas eu de tremblement, quelqu'un se tient derrière notre porte. Notre recours: faire loi de la possibilité du monde.


dimanche 5 février 2012

Lire lentement le monde autour


Ce soir j'ai lu avec application le livre que mon fils a choisi. Je fais sonner distinctement le nom des personnages en marquant le rythme de la ponctuation et en laissant de la respiration entre les groupes de mots. Je prends le temps de regarder les dessins pendant les moments de silence. Je reprends la lecture avant que l'attention ne soit perdue, mais avec suffisamment de temps pour que l'image et la voix puissent résonner.

Un jour, par jeu, j'ai découvert que je disposais d'une faculté, celle d'expérimenter le monde au ralenti. Au cours du temps de mon expérience chacun de mes gestes quotidiens devenaient sujets d'observation à égalité avec ma perception du monde autour. Le temps m'était offert, je m'accordais le temps.

Quelques années après, je me suis proposé pour la présentation des "Théories esthétiques" de Théodore Adorno. Confronté à une lecture particulièrement complexe pour quelqu'un qui comme moi n'avait pas suffisamment d'outils philosophiques pour appréhender cette oeuvre, j'ai appris à lire avec lenteur, afin que chaque mot me parvienne, et que la phrase s'éclaire. J'en ai gardé une impression déconcertante, celle de ne plus savoir distinguer qui de moi ou du texte avait produit de la pensée. Mon compte rendu avait été un désastre, ne sachant plus si je devais parler de moi-même ou des idées défendues par l'auteur.

J'ai dit à deux de mes amis que quand je lisais, j'essayais de lire vraiment. Ils m'ont répondu que c'était impossible, et aussi que j'épuisais le texte. Pour moi lire c'est donner droit à l'auteur de faire état de ce qui est.

Une autre fois alors que j'évoquais l'existence d'une expérience plus intense que la poésie, on m'a dit en souriant que ça n'existait pas.

La poésie n'a jamais été qu'un mode relationnel à l'égard des objets, des éléments, ou de l'existence.

Aujourd'hui, je laisse les mots s'éteindre pour que puisse naître un corps avec des bras, des jambes, et une tête. Cet homme devenu moi vibre avec gravité. De lui s'élève la teneur qui le porte aux étoiles comme le ballon d'hydrogène, poche isolée de sa matière, semble irréconciliablement tourné à son destin.

mercredi 1 février 2012

Nous, vivants

Alors que la nuit n'a pas encore fini de voir le jour, je cherche à éprouver le temps continu. 


J'entends le souffle incessant comme lorsque je pose une oreille dans le creux d'un coquillage.
Pas besoin de me tourner vers elle pour voir ses teintes. Un violet sombre passe sur un timbre orangé à la note bleu clair du jour qui vient. 
Je suis dans la ville. 
Une masse noire, celle où se rassemblent les corps endormis, déteint sur moi. 
La puissance nous vient de l'attraction terrestre. Avec elle, entre le jour et la nuit, le coeur bat. 
Souffle, battement. Présent éternel. 


J'ai envie de vous éveiller amis humains. La joie est là, maintenant.

Mon sang. 
Sur le coin de l'oeil, un cheveu flotte dans l'air 
avec la nuit il dessine la présence d'une femme comme une ombre pleine
en face de moi j'ai la lumière brillante de l'écran.
De l'air à peine,
mais ce n'est pas un ange, 
ni un fantôme, 


l'amour pose sa main sur mon épaule.



Dehors, quelques sons, la ville commence sa longue traversée du jour.

Comme je souhaite que vous puissiez avoir cela pour vous.


L'amour est le commencement de tout.

samedi 28 janvier 2012

Art


Peut-être est il temps de sonner la charge et de dire enfin que l'art n'est pas un excédent, une vue de l'esprit, une façon de se situer par rapport au monde.
L' art est l'endroit où le monde se fait, c'est le terrain vierge de l'impossible sur lequel on commence à inventer le monde qui vient.
On voit régulièrement s'agiter le chiffon d'un art vêtu d'actualités, de réflexions, de questions existentielles qui ne renvoient qu'à elles-mêmes.
Alors que ce devrait être le lieu par excellence où on fabrique de l'expérience, d'une expérience qu'on transporte avec soi par la suite et qui dévoile l'usage ordinaire.
La pratique artistique procède comme une déchirure, elle est tout ce qui échappe au goût satisfait, elle est l'occasion de rencontrer les morts, les vivants, la colère, l'esprit. C'est le lieu où où tout apparaît dans la démesure, le grossissement et le lointain.
C'est une recherche qui s'amorce qui engage, qui invite et qui refoule.
C'est le lieu de l'échec, mais que vaut l'échec face à la dynamique de la volonté.
C'est une assignation, une évidence, la réussite trouvée d'un instant où rien ne se pose.
Tant dans le champ théâtral que musical, plastique ou cinématographique, chacun doit trouver la vie à l'exercice.
Ce n'est pas une vue de l'esprit sur les occupations du monde, c'est un agir de ce monde, c'est une machine de dévoration comme peut l'être la lumière, elle se glisse partout où est laissé un creux, un pli dans l'ombre.
Elle porte la dignité, l'arrogance et la noblesse, elle ne peut accepter aucun repentir, elle est entièrement tournée vers le monde au sens où elle ne peut plus se décider entre ce qu'il est d'elle et elle de lui.
Elle est la vie sans médiation, et c'est sa maladie d'être encerclée et de se vouloir telle dans les structures qui la médient.
Ce qu'il y a d'artistique en chacun de nous, nous devons le lever comme on adresse un chant de gloire.
L'art est l'avenir souverain sur une époque anéantie par les gestes procéduriers.
Soleil, lune, cendres et joie consument nous jusqu'à l'aurore afin que la paix jamais n'achève la nécessité de nos vies qui commencent. 

jeudi 26 janvier 2012

Le renoncement perpétuel à l'éternité

Alors que chacun de nous détient, s'il a la correction de le reconnaître, les motifs, les usages et les clefs d'une vie réconciliée, nous réclamons encore justice devant ceux qui détiennent la force d'agir.
Ce que nous ne voulons reconnaître en nous-mêmes, nous le cherchons à l'extérieur et lui confions l'usage.
Par conséquent nous n'avons pas à comprendre le monde qui s'agenouille puisque nous possédons tout.
Que cessent donc les pleurs et les plaintes, elles fabriquent les machines qui nous éloignent chaque fois de la réalité vécue.
Ce que nous réclamons, c'est à notre coeur qu'il faut le requérir.
Car à trop chérir le bâton l'âne continue de se faire battre.

D'ici de là, avance du signe et retard de l'expérience

Je vois le métro entrer dans la gare. 
Je ferme les yeux et tente de déterminer sa position en faisant appel à une perception intérieure du monde qui m'environne.
J'ouvre à nouveau les yeux pour vérifier mon intuition.
Le métro a deux secondes de retard par rapport à l'endroit où je le situais.

Avant d'écrire j'ai une idée en tête. 
Ici, la bienfaisance.
Je m'installe devant l'ordinateur et prend le temps de me sentir en attention, état à partir duquel je peux garantir une qualité d'observation sensible rigoureuse.
De là la considération du fait que la 'bienfaisance' avant d'apparaître comme un état pour la personne qui lit, est d'abord véhiculée par du langage.
Ainsi, d'une qualité, je me trouve soudain confronté à autant de représentations propres à l'histoire de chacun.
J'en arrive à l'usage du langage et de sa compréhension en tant qu'objet de pensée.
Le langage est une opération de signes plus ou moins connus de tous ayant pour vocation de faire exister ailleurs qu'en soi des choses qui s'y trouve.
Nous faisons retour à la question des représentations.

Revenons plutôt à sa vocation.
En moi existe un composite d'éléments que je peux classer par groupes, genres, types, incidences, etc... tout ce qui ressort de l'usage de la pensée.
Je n'en prend qu'un, unique, et je l'absorbe à nouveau, je laisse diffuser en moi la charge magnétique de laquelle il doit son nom. Et là je vois son spectre lentement se déplier, je n'ai plus qu'à prendre note de ce qu'il me raconte.

D'ici je connais l'exacte puissance avec laquelle je travaille et pour laquelle j'existe.
Ainsi va chacun des affects pour esquisser plus surement le récit de notre vie.

Sur la frontière qui sépare une année de l'autre, un garçon assuré m'a mis en garde contre la charité.
J'ai attendu jusqu'à maintenant pour lui répondre.
Il a fallu ce temps pour dégager l'ensorcellement dissimulé dans les présupposés du langage.
Je m'achemine en vue d'éprouver la bienfaisance, d'une nature qui éblouisse ce à quoi mon corps à l'habitude dans la relation à l'autre.
Je cherche l'état qui m'amènera spontanément à poser sur l'autre le regard de l'engouement, non pas tant parce que cet autre serait de nature indiscernable et donc intouchable, mais parce que je veux faire lever en moi le crédit que je lui prête et à partir duquel il sera amené à me répondre.


lundi 9 janvier 2012

Manifestation quotidienne, faire et constance

J'ai lu: 

Vivre c'est croire, c'est du moins ce que je crois.

et aussi:
Il ne s'agit pas d'être sublime, il suffit d'être fidèle et sérieux.

Ce que je sais:

En abandonnant la représentation, j'ai fait le voeu qu'il n'y ait plus d'autre espace sensible que celui de l'agir. Cela procure un sentiment de confiance irremplaçable. Aucune contradiction ne peut advenir, à peine du doute par moment.

Un ami m'a dit:

On ne fait toujours qu'une seule chose à la fois, ça permet de faire beaucoup de choses.

Ce n'est pas de faire qui est difficile, mais de connaître ses états intérieurs et en faire usage.

A partir de l'alimentation, j'ai constaté que nous connaissions très mal notre corps. Entendu par là qu'il témoigne d'un langage à recevoir. Quoi de plus élémentaire que notre organisme! Est-il pertinent et juste de penser le monde sans l'expérience de notre corps? J'ai parfois l'impression que nous avançons comme des aveugles dans le temps en traînant derrière nous nos corps inertes. Pourtant de quelle sagesse il ressort! C'est avec lui que nous touchons, que nous caressons, que nous regardons, que nous nous exprimons, avec lui que nous sentons, que nous vivons.

J'ai lu que les conduits sanguins de notre corps mis bout à bout faisaient 100 000 km. Notre corps est à l'échelle de la planète. Nous avons en nous cette mesure. 
Inversement, je peux prendre un verre en face de moi, le porter à mes lèvres et boire l'eau qui s'y trouve.
Nous sommes en permanence à la fois infimes et immenses car rien de ce qui est physique n'est distinct des facultés intelligibles auxquelles chaque jour nous prenons part.
De ce fait chacun de nous agît sur le cours du monde.

Il est bon de le savoir.

mardi 3 janvier 2012

La disparition de l'argent / 2

En glissant furtivement cette notion de disparition de l'argent dans mon entourage, les premières réponses ont été: "retour à la barbarie", "ça va être la jungle", "c'est impossible!", "tu veux que plus rien n'ait de valeur?", "cela donnerait libre cours à tous les désirs".

L'argent opère en chacun de nous comme un régulateur social. Il confère à l'échange une valeur. Il est conditionné par la notion d'équité à travers la réciprocité. Il est facteur de l'équilibre de la relation. Il chiffre et quantifie la qualité de tous et de toutes choses. En tant que tel il est doté d'une valeur morale. Il va ainsi naturellement de soi qu'il soit protégé et réglementé par la justice. Et ainsi de suite...


Aujourd'hui, alors que nous subissons une crise de confiance extrême tant relativement aux institutions financières que juridiques et par voie de conséquence aux structures de l'information et de leurs faire-valoir dans la représentation politique, il semble pertinent de soulever le voile de certaines évidences.

Ainsi qu'on le retrouvera dans ce petit documentaire explicatif du cours de l'histoire de l'argent: http://www.dailymotion.com/video/x75e0k_l-argent-dette-de-paul-grignon-fr-i_news, on constate qu'il est une suite logique et cohérente, d'autre part qu'il fonctionne aujourd'hui à 90% de pure virtualité.

Première réflexion: la valeur symbolique de l'argent est ancienne.  
Nous sommes héritiers d'une histoire qui a commencé bien avant notre civilisation et même si nous sommes en droit de douter de l'évolution de l'être humain, nous pouvons malgré tout reconnaître que sa faculté à produire de la représentation s'est étendue selon toutes les formes possibles et imaginables, et ce en vue de traduire la complexité de son imaginaire. Pour revenir à l'argent, on ne peut que s'étonner inversement de la régularité et de la constance formelle, en tant que symbole, à son égard.
Toute époque traversée par des changements importants s'accompagne d'une transformation d'égale importance dans la forme de la valeur transactionnelle et ce d'autant plus à notre époque où la question se pose aussi frontalement.

Deuxième réflexion: il ne doit son existence que relativement à la notion d'échange.
C'est à dire qu'il s'est progressivement installé dans tout ce qui fait relation d'une personne à une autre, puis de soi à soi. Il est devenu l'expression de la reconnaissance et s'est chargé au passage de tous les affects compris dans l'expérience humaine tant négatifs que positifs. Annulant par là même ce qui tenait lieu du don au point qu'on l'a considéré du point de vue de l'utilité. "Ce qui est donné n'est plus utile à son propriétaire".

Troisième réflexion: il est majoritairement virtuel.
Ce qui me paraît complètement édifiant c'est de constater que l'argent repose principalement sur des contrats de 'confiance' ou 'd'engagement'. Car c'est en tant que je m'engage par contrat à rembourser l'argent qui m'est prêté que celui-ci est créé. De cette façon la relation humaine est "chosifiée", elle est renvoyée à sa dimension chiffrée. Le banquier n'a pas à faire appel à son jugement critique envers la personne qu'il a en face de lui, il se réfère à sa valeur financière qui détermine la faisabilité ou non de toutes initiatives.
Paradoxalement il ne reste plus que 10% de monnaie physique avant le grand saut vers la non-nécessité de ce référent symbolique.

Quatrièmement: il est rendu nécessaire dans la mesure où l'autre est un étranger.
Il existe ou a existé des sociétés sans argent, ce sont la plupart du temps des sociétés qui se suffisent à elles-mêmes pour les conditions de vie. A compter du moment où l'autre entre dans l'équilibre d'une société, l'argent est requis comme mesure d'échange.
En étendant le phénomène de micro-sociétés auto-suffisantes à l'échelle planétaire, il n'y aurait qu'une espèce à ménager ce serait celle de l'être humain et son milieu de vie.

Cinquièmement: il garantit la rareté et la préciosité.
Ce qui est rare et précieux n'a aucun sens s'il n'est partagé.